L’Ouïe Magazine n°124 – Août/Septembre 2023

Edito

DE PLUS EN PLUS LIMITE

Cet été, l’entreprise Sym a mis en avant son nouveau service sur ses réseaux sociaux : « un test auditif gratuit, assorti d’une consultation ORL et la délivrance d’appareil auditif si nécessaire ». Le test en question se déroule dans un camion doté d’une cabine et installé sur le parking de certains magasins Intermarché. Le véhicule embarque également du matériel d’opticien et des montures. Car c’est dans ce domaine que l’entreprise a initialement développé son activité, promettant de pallier les problématiques d’accès aux soins visuels grâce au parcours mis en place, incluant une téléconsultation dite asynchrone : « un examen de vue gratuit avec émission d’ordonnance et les meilleures lunettes du marché sans avance de frais et sans reste à charge. Le tout en une seule visite de 30 minutes dans nos points de vente éphémères et itinérants ».
Sym veut visiblement dupliquer cette approche – qui suscite une forte désapprobation dans le secteur de l’optique – à l’audioprothèse, en promettant aux patients une ordonnance d’ORL en un temps record et des aides auditives intégralement remboursées. Pour l’heure, les débuts sont discrets, les quelques publications sur les réseaux sociaux ont des allures de ballon d’essai visant à prendre la température tant du côté du public que du côté de la profession… Qui devrait fortement réagir.
Cette démarche apparaît en effet hors des clous de la réglementation. Elle est cependant présentée comme un facilitateur d’accès à l’audioprothèse dans les zones sous dotées en ORL. L’initiative de Sym montre ainsi que la situation, qui risque de perdurer (voir notre article page 16), est actuellement une source de dérives et que des réformes s’imposent à court terme. Faut-il réintroduire la possibilité, pour les généralistes, de primo-prescrire des aides auditives ? Mettre en place, dans certaines régions, des délégations de tâches des ORL vers les audios ? Il semble en tout cas urgent d’assouplir, du moins dans un premier temps, le schéma actuel, au risque de voir se multiplier, et s’installer, ce genre de pratiques.