Ouïe Magazine
Publié le 24/11/2023

 

Le traditionnel temps politique de l’EPU, qui se déroule jusqu’à demain au Palais des Congrès de Lyon, a été essentiellement consacré à l’éventuelle création d’un Ordre des audioprothésistes en France.

 

« Lors de son conseil d’administration du 11 septembre, le SDA a voté, à l’unanimité moins une abstention, la décision selon laquelle le SDA demande la création d’un Ordre des audioprothésistes aux pouvoirs publics », a annoncé Brice Jantzem, président du syndicat. Il défend cette position en mettant en avant l’actualité de ces derniers mois : le développement des dérives (qui ont donné lieu à des procès médiatisés), la proposition de l’Assurance maladie de contrôler les prescriptions et délivrances d’audioprothèses, l’attention portée au secteur dans le plan de lutte contre la fraude de l’Assurance maladie… « La création d’un Ordre a fait l’objet d’un amendement au PLFSS 2024. Il n’a pas été retenu mais cela signifie que le débat est sur la table », a ajouté Brice Jantzem, en se disant « très inquiet pour l’avenir de la profession si un Ordre ne voit pas le jour ».

Le SDA et le CNA soutiennent fermement la création d’un Ordre des audioprothésistes

Invité par le CNA, David Gélinas (en photo, à gauche, au côté de Brice Jantzem), président de l’Ordre des audioprothésistes du Québec, a présenté le fonctionnement de cette instance et son implication dans la pratique quotidienne. Celle-ci a 6 grands rôles : contrôler la compétence et l’intégrité de ses membres (avec intervention d’un conseil de discipline si besoin), surveiller l’exercice de la profession (20 % des audios sont inspectés chaque année par un comité qui peut imposer un cours de perfectionnement, suspendre le droit d’exercice, etc.), réglementer l’exercice, gérer le processus disciplinaire, favoriser le développement de la profession (publication d’instruments de travail, de documents grand public…), et contrôler l’exercice illégal et l’usurpation du titre. Au quotidien, les audios interagissent avec l’Ordre par différents moyens: paiement de la cotisation, newsletter mensuelle, congrès annuel (qui réunit 97 % de la profession), élection des administrateurs, réponses aux questions en cas de plainte.

 

« Entre 1 000 et 2 000 euros de cotisation »

 

Matthieu Del Rio

Interrogé par Matthieu Del Rio, président du CNA, sur l’éventuelle limitation de la liberté que pourrait impliquer un Ordre, David Gélinas a expliqué que cette organisation intervient « en cas de besoin » et ne doit pas être considérée comme un carcan. « L’Ordre ne régit pas les commerces mais les audioprothésistes. Si les règles sont les mêmes pour tout le monde, c’est équitable », a-t-il déclaré.

Cécile Parietti-Winckler, présidente du Collège d’ORL, a questionné les intervenants sur « cette volonté qui émane très majoritairement de la communauté des audioprothésistes » et « la réticence du côté du politique alors que déléguer la police de la profession devrait arranger les pouvoirs publics ». « C’est beaucoup de travail. D’ailleurs il y a eu des difficultés pour la mise en place de l’Ordre infirmier. Un autre frein est la crainte que toutes les professions veuillent leur Ordre », a répondu Brice Jantzem.

Enfin, le montant de la cotisation a été particulièrement débattu dans la salle. « Il y a une mutualisation des coûts. Raisonnablement, cela devrait être entre 1000 et 2000 euros. Cette cotisation sera obligatoire », a expliqué Matthieu Del Rio en soutenant délibérément cette évolution. « Le Collège va dans ce sens, j’espère sincèrement que des choses concrètes se mettront en place dans les années à venir », a-t-il conclu.

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