L’Ouïe Magazine 130
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L’Ouïe Magazine n°130 – Avril 2024
Edito
L’ACCÈS À LA PRESCRIPTION, UN ENJEU TRANSVERSAL
Le SDA a récemment dévoilé des chiffres inédits sur le marché de l’audioprothèse, issus des données du SNDS (Système national des données de santé). Ces extractions montrent, entre autres, la proportion d’aides auditives délivrées selon la spécialité du prescripteur entre janvier 2021 et octobre 2023. Elles permettent donc d’objectiver l’impact de la fin de la primoprescription par les généralistes, intervenue en octobre 2022.
Selon cette analyse, le nombre de prescriptions d’aides auditives par les généralistes a effectivement – et logiquement – chuté, mais dans une proportion moindre que celle évoquée par certains acteurs de la filière, notamment les fabricants : entre janvier 2021 et septembre 2022, les généralistes prescrivaient, selon les mois, entre 38 et 45 % des aides auditives délivrées aux patients ; entre janvier et octobre 2023, ce taux oscillait entre 35 et 40 %. L’arrêt de la dérogation accordée aux médecins généralistes ne semble donc pas avoir joué un rôle dominant dans le ralentissement de l’activité.
Les données montrent en outre que, du côté des ORL, les ordonnances sont essentiellement établies par les praticiens les plus âgés : les ORL de 55 ans et plus prescrivent 64 % des appareillages. Certes, ils sont plus nombreux dans cette tranche d’âge, mais ce résultat interroge sur le niveau d’intérêt porté à l’audition par les jeunes prescripteurs.
Prises dans leur globalité, ces informations montrent que la problématique de l’accès à la prescription doit être abordée de manière transversale, dans son ensemble. Elle doit être réglée à l’aune de la démographie médicale et des tensions dans les déserts médicaux, mais aussi en tenant compte de la sensibilisation des médecins aux troubles de l’audition et à leurs conséquences. Dans les congrès d’ORL, l’audioprothèse prend une place croissante. Mais qu’en est-il sur le terrain ? Les organisations professionnelles se saisissent du sujet et travaillent de concert pour mettre en place des solutions, qui prendront vraisemblablement la forme de protocoles de coopération dans les zones sous-dotées en ORL. Mais il faut aussi intensifier, à votre niveau, la communication avec eux, pour améliorer leur volontarisme indispensable à un accès aux soins de bon niveau et dans tous les territoires.