Ouïe Magazine

 
Publié le 04/10/2024

C’est le pourcentage de gêne déclarée le plus élevé depuis la création du baromètre.

 

L’Association nationale de l’audition a dévoilé hier la 8ème vague de son baromètre réalisé par Ifop, grâce au mécénat du Groupe Lourmel, “Bruit, santé auditive et qualité de vie au travail”, en prévision de la Semaine de la santé auditive au travail, du 14 au 18 octobre.

 

La présentation a réuni des experts et le député François Gernigon, membre de la commission des affaires sociales, qui fait partie des élus qui portent les sujets de l’audition et de la prévention des risques au travail, à l’Assemblée nationale. La dernière vague du baromètre Ifop-Association nationale de l’audition montre que l’expression de la gêne occasionnée par le bruit au travail a fait un bond spectaculaire : + 10 points en 1 an. Cela peut s’expliquer par un recours au télétravail qui a reculé : les actifs se retrouvent plus nombreux dans les bureaux. La problématique du bruit dans les open space (74 % de ceux qui y travaillent se disent gênés) est plus que jamais d’actualité.

La gêne auditive des actifs bondit de 10 points

Si certaines catégories d’actifs sont plus touchées, tout comme certains secteurs, personne n’est épargné.

 

Plus de 7 actifs occupés sur 10 déclarent subir au moins une répercussion sur leur santé en raison du bruit. La moitié d’entre eux rapporte une conséquence sur son audition. En projection, ce serait près de 10 millions de personnes en poste qui feraient état d’une gêne auditive. Là encore, aucun profil de travailleur n’est immunisé, tout au plus peut-on observer que les 50 ans sont moins nombreux à déclarer avoir des répercussions sur leur santé.

« De façon assez contre-intuitive, ce sont surtout les jeunes générations qui se plaignent de la gêne dans le bruit. Elles n’acceptent plus ce que les générations précédentes trouvaient normal. »

Pr Jean-Luc Puel, président de l’Association nationale de l’audition

La gêne auditive des actifs bondit de 10 points

Des incidences sur la santé mais des dispositifs méconnus

Fatigue, irritabilité, stress, gêne auditive (diminution momentanée de la compréhension), troubles du sommeil, acouphènes… Il existe tout un gradient d’incidences sur la santé, plus présentes chez celles et ceux qui se déclarent « souvent gênés par le bruit au travail », mais exprimées aussi par ceux qui, sans se plaindre de la gêne, en ressentent les conséquences. En projection, 8,5 millions d’actifs en emploi seraient victimes d’acouphènes (32 % des répondants) et 6,4 millions seraient concernés par une déficience auditive. Ces troubles sont si répandus, qu’un tiers des personnes en poste actuellement dit connaître au moins un collègue qui souffre de l’un ou l’autre de ces troubles.

Les dispositifs existants pour les personnes ayant des pertes auditives sont insuffisamment connus. Tout juste 1 sur 2 affirme savoir ce qu’est le 100 % santé (1 sur 4 précisément, 1 sur 4 vaguement), même chose pour la RQTH et à peine plus de 1 sur 3 connaît l’Agefiph. C’est peu.

« Toutes les tranches d’âge, tous les secteurs d’activités sont concernés sans exception de plus en plus uniformément. La réduction du bruit au travail doit devenir un axe majeur dans l’ensemble de l’économie et la prise en compte de l’audition peut permettre de tout mettre en œuvre pour éviter toute souffrance physique et mentale au travail. »

Pr Jean-Luc Puel

La gêne auditive des actifs bondit de 10 points

Environ la moitié des personnes qui se déclarent gênées par le bruit au travail a pris des mesures ou l’envisage. Ces mesures sont appropriées, mais le passage à l’acte n’est pas systématique.

Un surrisque de burn out ?

Le baromètre inclut cette année une question sur la santé mentale des répondants, la façon dont ils se sentent au travail : épuisement, lassitude, manque d’enthousiasme, difficultés diverses de concentration… L’enquête montre que les personnes qui font le plus état de symptômes d’épuisement dans leur vie professionnelle sont aussi celles qui déclarent le plus souffrir de nuisances sonores. Corrélation n’est pas causalité, mais il y a peut-être là un facteur de risque ou d’aggravation à prendre en compte, pour les personnes particulièrement soumises au bruit dans leur travail, que ce soit par l’intensité sonore ou par le manque de temps de répit.

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