Ouïe Magazine

 
Publié le 07/10/2024

 

Au côté de son baromètre consacré à la santé auditive au travail, l’Association nationale de l’audition a pu, cette année, analyser en détail les données issues des rendez-vous de prévention proposés par l’Agirc-Arrco à ses cotisants de plus de 50 ans. Une mine d’informations !

 

Jean-Charles Ceccato, maître de conférences en audioprothèse à l’université de Montpellier et vice-président de l’Association nationale de l’audition, a fait un travail d’analyse approfondi en plongeant dans les données des bilans de prévention de l’Agirc-Arrco. La caisse de retraite complémentaire propose à ses bénéficiaires et leurs conjoints ces rendez-vous à partir de 50 ans. Ils sont réalisés par un médecin et un psychologue et balaient les grands thèmes de la santé physiologique et psycho-sociale. Leur but est d’identifier des facteurs de fragilité (sédentarité, surpoids, par exemple), d’orienter la personne et/ou de l’encourager à adopter un mode de vie sain. Dans ce cadre des audiométries sont proposées et réalisées par le médecin, constituant une base de données précieuse sur le sujet de la santé auditive.

Une donnée qui objective la sous-prise en charge

Jean-Charles Ceccato a sélectionné un échantillon de 3 300 personnes de moins de 64 ans, comprenant 60 % de femmes, plus de la moitié normo-entendant.es, un petit tiers présentant une audition subnormale sans être éligibles à l’appareillage au sens de l’arrêté de 2018 et environ 20 % du total ayant une perte auditive avérée. Parmi ces derniers, environ la moitié était effectivement appareillée. C’est le premier enseignement de cette étude statistique : dans cette catégorie de population (cotisants de l’Agirc-Arrco, 50-64 ans, ayant accepté le bilan), une personne sur deux potentiellement appareillable ne l’est pas.

A l’aide d’un algorithme de clustering – qui permet de former des groupes par caractéristiques communes – et avec l’aide de Robin Guillard, membre du conseil
scientifique de l’ANA, Jean-Charles Ceccato a réalisé une catégorisation de l’échantillon. On y trouve d’abord les normo-entendants (1-2), puis celles et ceux qui ont une perte auditive mais ne déclarent aucune gêne (3 à 5) et qu’il serait certainement utile de sensibiliser aux possibilités de prise en charge, ensuite celles et ceux qui ont un déficit auditif et déclarent une gêne mais ne sont pas appareillés (6 à 8). Parmi elles et eux, les profils auditifs sont variés avec des différences femmes/hommes déjà identifiées, pour des niveaux de surdités équivalents : pertes dans les aigus plus répandues chez les hommes vs pertes plates chez les femmes… Le groupe 9 correspond aux surdités diagnostiquées et prises en charge. Enfin, les deux derniers groupes réunissent, d’une part (10 à 13), des personnes qui font état d’une gêne mais dissociée de la perte effective et/ou ont des acouphènes, manifestant a minima un besoin d’écoute, et d’autre part (14 à 16), des personnes ayant des troubles de l’équilibre, diagnostiqués précisément ou non. Ce dernier sujet est encore sous-exploré mais fait l’objet de recherches et d’une prochaine publication par le Pr Jean-Luc Puel.

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