Le 38ème Congrès des audioprothésistes s’est clôturé dimanche 20 mars. Cette nouvelle édition a notamment été marquée par la présentation de la première étude chiffrant le coût du déficit auditif pour la société et l’assurance maladie. Celle-ci conclut que, même avec une prise en charge à 100%, il coûterait moins cher d’appareiller les malentendants appareillables que de payer les soins médicaux engendrés par leur perte auditive.
L’étude, réalisée par les économistes Laurence Hartmann et Jean de Kervasdoué (en photo) et financée par le CNA, le Synam, le Synea et l’Unsaf, montre que, « sans appareillage, le coût du déficit auditif s’élèverait à 23,4 milliards d’euros pour la société », en raison de son impact direct sur la santé physique et mentale. Aujourd’hui, en tenant compte du taux d’appareillage, ce coût est réduit de 30%. Il pourrait l’être de 40% si toutes les personnes appareillables étaient appareillées.
La prise en charge à 100% de l’équipement des personnes appareillables non appareillées coûterait 1,5 milliard d’euros, alors que, sur une durée de 6 ans, le montant des soins médicaux évités serait de 1,7 milliard d’euros. « Il coûterait donc moins cher d’appareiller la population appareillable, tout en générant de surcroît des gains notables en qualité de vie », notent les organisations professionnelles.
Vers une évolution de la LPP ?
Forts de ces nouveaux chiffres qui ouvrent des perspectives nouvelles pour l’assurance maladie et les pouvoirs publics, le CNA, le Synam, le CNA, le Synea et l’Unsaf « appellent à l’ouverture sans tarder de négociations avec l’Etat, les financeurs obligatoires et complémentaires et les associations de patients pour bâtir une nouvelle politique de prise en charge du handicap auditif. » L’assurance maladie se montre déjà réceptive au message. Dans un courrier adressé à Luis Godinho, président de l’Unsaf, à la veille du Congrès, Nicolas Revel, directeur général de l’Assurance maladie, constate qu’il est en effet « important que l’ensemble des acteurs institutionnels et professionnels se concertent afin d’améliorer la prise en charge » des malentendants. Il évoque la possibilité d’explorer plusieurs pistes, « notamment l’évolution de la LPP déjà trop ancienne et inadaptée aux besoins et pratiques actuels. Un travail pourra être mené sur la base de vos pistes de réflexion avec le souci que tout dispositif comporte des engagements clairs de la part de la profession permettant de garantir une diminution réelle du reste à charge pour les patients. »