Ouïe Magazine
Publié le 26/05/2016

Dans un communiqué de ce jour, le Syndicat national des audioprothésistes annonce découvrir « avec stupeur » les vidéos d’un atelier organisé en 2012 par la DGCCRF sur le fonctionnement du marché de la santé et l’information du consommateur. Les propos de Marianne Binst, directrice de Santéclair, sont jugés « outranciers » par le syndicat qui demande aux actionnaires de la plateforme de se désolidariser de sa dirigeante.

 

La vidéo mise en ligne sur le site du ministère des Finances montre Marianne Binst s’exprimant devant diverses personnalités (avocats, membres de la DGCCRF, du ministère de la Santé, de la Haute Autorité de santé…). « Mme Binst ne se contente pas d’égrener ses contrevérités, hélas habituelles, sur le secteur de l’audioprothèse, mais dévoile la réalité de ses arrière-pensées », dénonce l’Unsaf.

« La directrice de Santéclair indique qu’elle ‘traite plutôt la santé comme un sujet de consommation’ et que son objectif est bien de rationner les soins pour les plus modestes, ‘les clients de la MAAF par exemple’, afin de maximiser ses marges et celles de ses courtiers. Ainsi, la stratégie commerciale de la directrice de Santéclair exclut toute amélioration pour ses adhérents : ‘Chaque audioprothèse coûte à peu près 1500€, 3000€ voire 4000€ les deux oreilles si vous vous mettez à être la seule assurance complémentaire santé qui les rembourse 1500€ par oreille, vous êtes sûr que demain tous les malentendants s’inscrivent chez vous. Donc, par ailleurs ce n’est pas souhaitable pour la complémentaire santé’. Et elle fait du reste à charge son credo : ‘Pour être tout à fait franche, là où on réussit bien, c’est quand les gens ont du reste à charge’ », s’insurge le Syndicat national des audioprothésistes.

 

Des propos « malveillants »…

L’organisation professionnelle regrette que « Mme Binst préfère répandre des contrevérités sur la qualification et le revenu des audioprothésistes plutôt que de participer à l’amélioration de la trop faible prise en charge de l’audioprothèse. » La directrice de Santéclair déclare en effet que la marge se monte à 1 200 € par oreille, soit 2 400€ pour les deux et que, les audios y passant « en moyenne 3 heures y compris les réglages : ça fait 800 € de l’heure ». Suite à ces propos qu’il juge « malveillants », l’Unsaf rappelle que les audioprothésistes ne gagnent pas « 800 € de l’heure », le prix de l’audioprothèse comportant, outre le coût de l’appareil lui-même, l’adaptation initiale et le suivi illimité durant la vie de l’appareil. « Ainsi, il s’agit de 12 à 15 heures de travail sur une durée moyenne de cinq ans pendant lesquelles le professionnel va mobiliser les moyens de son laboratoire, un secrétariat et un plateau technique de haut niveau représentant de lourds investissements d’au moins 50 000 € », insiste le syndicat.

 

… qui concourent au renoncement aux soins

Pour l’Unsaf, qui rappelle proposer de longue date une concertation de l’ensemble des acteurs en vue de l’amélioration de la prise en charge et des pratiques, ces déclarations sont l’exemple de « la désinformation incessante des médias et administrations » contre laquelle il faut lutter. Il estime en outre que « de tels propos et attaques répétés concourent au renoncement aux soins de patients déstabilisés dans leur relation avec les professionnels de santé en général et les audioprothésistes en particulier. »

Pour conclure, L’Unsaf « fait part de son indignation, pour ne pas dire son écœurement, devant de tels propos et les stratégies qu’ils mettent en lumière, tant envers les professionnels de santé qu’envers les patients. » Le syndicat « ne saurait imaginer que les actionnaires de Santéclair puissent cautionner ces agissements qui les décrédibilise » et demande « aux actionnaires de la plateforme de condamner officiellement ces propos et de se désolidariser de Mme Binst. »

 

Pour lire la retranscription des déclarations de Marianne Binst le 25 septembre 2012 devant la DGCCRF, cliquez ici. 

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