Ouïe Magazine
Publié le 18/12/2017

En perspective de la réforme sur le reste à charge zéro en optique, audioprothèse et dentaire, le conseil d’administration de la Mutualité française a adopté des pistes de réflexion, qui ont vocation à être débattues et enrichies avec les différents acteurs : patients, professionnels de santé, Assurance maladie, syndicats…

 

Pour Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française (en photo), le reste à charge zéro est une ambition réalisable, « à condition de mobiliser l’ensemble des acteurs et d’agir à la fois sur les remboursements mais aussi sur les tarifs des dispositifs médicaux ». La Mutualité propose ainsi la création de « paniers de soins nécessaires et de qualité » dans lesquels seraient contractualisés les remboursements, les tarifs et la qualité des dispositifs médicaux et des prises en charge. Ils seraient proposés sans reste à charge chez tous les opticiens, audioprothésistes et dentistes. « Les patients resteraient libres d’accéder au professionnel de santé de leur choix, de choisir un équipement, un traitement supplémentaire. Les professionnels de santé seraient également libres de proposer des alternatives ou des options supplémentaires », explique l’organisation. Le contenu de ces paniers serait défini par les acteurs, qui devront le cas échéant s’accorder « sur le juste soin au juste prix ». Il sera renégocié régulièrement afin d’y intégrer les innovations. La Mutualité Française propose enfin de moduler la fiscalité pesant sur les contrats des complémentaires santé, en fonction de l’effort consenti pour mettre en place ces paniers de soins.

 

Réviser la nomenclature des aides auditives

Au-delà du reste à charge zéro, Thierry Beaudet appelle à une réforme plus profonde de notre système de santé. Il estime en effet que, pour garantir l’accès à des soins nécessaires et de qualité partout, pour tous, « tous les leviers doivent être actionnés, et pas seulement le remboursement, au risque de créer un système fortement inflationniste ». Pour l’audioprothèse, la Mutualité souligne que le reste à charge est très élevé (« plus de 850 euros, soit 2,5 fois plus qu’au Royaume-Uni »), ce qui constitue selon elle une véritable barrière à l’accès aux soins. Elle préconise ainsi de revoir la nomenclature : « Alors qu’aujourd’hui 95% des équipements vendus sont en classe D, la classe la plus sophistiquée, il s’agirait de mieux définir les classes d’équipement, en les adaptant aux déficits auditifs. Et afin d’accompagner le développement important de ce marché, le nombre d’audioprothésistes formés chaque année mériterait d’être relevé. » En optique, la Mutualité juge en revanche que le nombre élevé d’opticiens pèse sur les coûts de distribution. « La filière de formation des opticiens pourrait être transformée, en allongeant la durée des études à trois ans, en limitant le nombre de places et en renforçant les compétences en optométrie (afin de développer les coopérations avec les ophtalmologues). Et afin d’encourager la baisse des tarifs, la TVA sur les verres pourrait passer de 20% à 5,5% », propose-t-elle. L’organisation suggère aussi la mise en place d’un observatoire pour suivre l’évolution du reste à charge et des tarifs en optique, dentaire et audioprothèse.

 

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