Ouïe Magazine
Publié le 03/05/2018

 

La fédération des étudiants en audioprothèse (Fnea) émet les plus grandes réserves sur un cursus ouvert aux opticiens par Progress Santé (école privée préparant au BTS opticien lunetier et à des concours paramédicaux). Il leur permettrait d’obtenir le diplôme d’audioprothésiste via un partenariat avec l’université Europea de Madrid.

 

Sur son site, Progress Santé propose à des opticiens, en nombre limité, de bénéficier à partir d’octobre prochain, dans ses locaux parisiens, d’un « accompagnement dans la préparation du diplôme d’audioprothésiste de l’université Europea de Madrid dans le cadre d’un partenariat exclusif. Ces cours de soutien s’adressent à des personnes en activité qui souhaitent effectuer une reconversion professionnelle et qui s’inscrivent à l’Université Europea de Madrid en formation semi-présentielle ». Si l’on comprend bien, cette offre consisterait en un suivi permettant à des opticiens inscrits en audioprothèse à l’université madrilène partenaire de maximiser leurs chances de réussite. Il est précisé : « Les personnes inscrites dans ce programme semi-présentiel devront néanmoins effectuer l’enseignement pratique à Madrid ».

Une « volonté de contourner le numerus clausus »

Dans le contexte d’une future réforme de la formation des audioprothésistes en France, la Fnea a publié un communiqué argumenté pour s’opposer à « cette nouvelle forme grossière de préparation au diplôme d’État d’audioprothésiste ». Elle encourage « l’établissement Progress Santé à reconsidérer ce nouveau partenariat (avec l’université Europea de Madrid, ndlr), afin d’éviter à leurs futurs étudiants un avenir incertain face à une possible pratique illégale. La volonté de contourner la modalité du numerus clausus est un affront à l’égalité des chances pour l’obtention du diplôme d’audioprothésiste. Le choix d’intégrer uniquement des opticiens dans ce cursus en devient plus que inégalitaire. » La fédération étudiante cite explicitement une formation privée d’odontologie, condamnée par la Justice française à fermer ses portes en 2016, faute d’avoir obtenu l’agrément obligatoire.

Une équivalence incontournable

La Fnea procède également à d’utiles rappels. L’obtention du diplôme dans un pays de l’Union européenne nécessite une équivalence pour exercer en France, qui « s’obtient sur 1 an avec 6 mois de stage dans un cabinet d’audioprothésiste diplômé d’état , 3 mois en service ORL d’un centre hospitalier universitaire, 2 semaines chez un fabricant d’appareils auditifs et 2 semaines dans un institut gérontologique. Après chaque stage, un rapport d’évaluation est présenté. Avant validation de l’équivalence, l’ensemble des rapports est soumis à la Commission régionale d’autorisation d’exercice (CRAE) qui donne son accord ou non. La décision préfectorale (DRJSCS) intervient après avis de la commission. » Elle ajoute que « la formation à l’obtention du D.E. d’audioprothèse en France est actuellement de 3 ans à temps complet, alors que ce nouveau type de formation propose aux opticiens seulement une journée de formation hebdomadaire sur 2 ans ».

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