L’Ouïe Magazine n°122 – Mai 2023

Edito

IL EST URGENT D’ATTENDRE

Le comité de suivi du 100 % santé s’est réuni mi-avril, presque 18 mois après le précédent. C’était le premier pour le ministre François Braun, qui n’avait jusqu’ici abordé le sujet que de manière sporadique et générale, à la faveur de quelques interventions dans les médias. Deux ans après la mise en œuvre de la réforme en audioprothèse, le secteur attendait des annonces. Il n’y en a pas eu. Les organisations professionnelles se sont exprimées, le gouvernement les a écoutées, sans réel échange, évoquant seulement la possible extension, en 2024, du champ de la classe I aux appareils surpuissants et invitant la filière à s’organiser pour faire des propositions.
Pourtant, la réforme doit, justement, être réformée. Conçue dès le départ comme évolutive, elle doit s’adapter aux nouvelles attentes des professionnels, des patients, des fabricants, mais aussi des Ocam, qui voient d’un mauvais œil l’élargissement des paniers sans reste à charge. L’absence de discussion contradictoire lors du dernier comité de suivi montre que cette révision du 100 % santé n’est pas prioritaire pour les pouvoirs publics, par ailleurs très satisfaits de son succès en audio. Pour l’heure, ils ne brandissent aucune des menaces redoutées par la filière, comme la dissociation appareil/suivi ou la baisse du prix limite de vente des aides auditives de classe I. Le ministère semble vouloir d’abord mieux connaître les forces en présence. Il souhaite donner du temps au temps, en laissant toute sa place à la concertation entre les audios, les prescripteurs et les complémentaires santé. Cette posture offre à la filière un espace pour discuter, s’organiser et élaborer des solutions communes à présenter dans quelques mois au gouvernement. Elle doit être vue comme une opportunité d’afficher un front uni, et un moyen de limiter au maximum les risques de se voir imposer des mesures coercitives.