L’Ouïe Magazine n°131 – Mai 2024

Edito

VRAIES AVANCÉES OU VOEUX PIEUX ?

Le Congrès des audioprothésistes 2024 a été tout particulièrement marqué par les interventions des représentantes de la Cnam et du ministère de la Santé, qui ont annoncé de grands changements à venir pour le secteur. Julie Pougheon, conseillère spéciale de la DGOS (Direction générale de l’offre de soins), a notamment promis la fixation rapide de règles professionnelles pour mieux encadrer vos pratiques (à défaut d’un décret de compétences trop complexe à mettre en place juridiquement), des délégations de tâches entre ORL et audios dans les zones sous-dotées en prescripteurs, la mise en œuvre de la réingénierie de la formation initiale à la rentrée 2026, ainsi que l’ouverture de discussions visant à créer un modèle sécurisé pour l’exercice hors centre.
Si ces déclarations se transforment en actions concrètes, la profession est à l’aube d’une petite révolution, avec à la fois un élargissement de ses prérogatives et une réglementation plus stricte. Mais ces belles annonces pourraient n’être que des vœux pieux. Car depuis le 100 % santé, très peu d’avancées – hormis la convention Cnam – ont eu lieu, malgré les recommandations du rapport Igas-IGÉSR, les demandes répétées des organisations professionnelles et les relances régulières des élus. Rien ne s’est passé pour la réingénierie de la formation (pourtant déjà promise au Congrès 2018 !) et le comité de suivi du 100 % santé n’a pas été réuni depuis plus d’1 an.
Il faut donc accueillir avec prudence les promesses faites par le ministère, même si elles montrent son intérêt pour la filière. Le gouvernement pourrait cependant cette fois accélérer le processus, en raison d’une nouvelle motivation : la lutte contre la fraude dans l’audioprothèse (plus de 21,3 millions d’euros stoppés en 2023). Les contrôles et sanctions seront en effet facilités par la mise en place d’un cadre plus strict, lequel légitimera en corollaire l’extension de vos responsabilités.